Il y a tout juste dix ans, le 31 décembre 1999, mourait Jean-Louis Costes d'une infection généralisée. Celui que l'on considère désormais comme le plus grand artiste francais de la fin du 20eme siècle est mort seul dans la plus grande
misère et indifférence.
31 décembre 2009
On a souvent dit qu'il s'était suicidé, se laissant volontairement gagner par l'infection.
En effet on retrouva près de son cadavre la boite intacte de l'antibiotique qui aurait pu le sauver.

Quelques jours auparavant, le 15 décembre 1999, il avait perdu le procès que lui avait intenté l'union des étudiants juifs de france et se considérait "socialement foutu", comme il l'aurait déclaré à une amie quelques jours avant sa mort.
Depuis 1997, Jean-Louis Costes avait été trainé trois fois en justice par l'union des étudiants juifs de france. Cet acharnement judiciaire avait fini par miner physiquement, moralement et financièrement un artiste qui vivait et créait dans des conditions extrèmement précaires. Il considérait qu'une condamnation aboutirait à la censure de son oeuvre et à la saisie de ses outils de production, ce qui, pour un artiste comme lui entièrement dédié à son art, équivalait à une condamnation à mort.
Et c'est en effet ce qu'il arriva : le soir de sa condamnation, Costes fut saisi d'un forte fièvre et une infection, due à une leishmaniose mal soignée, se déclara.
Nul ne sait ce qu'il fit exactement pendant les 15 jours qui précédèrent sa mort.
Personne n'ayant eu de contact avec lui pendant cette période, on peut penser qu'il resta cloitré chez lui seul avec sa maladie. Espérait-il guérir après quelques jours de repos?
Ou bien était-il conscient de la gravité de son état et s'est-il volontairement laissé mourir? Pourquoi n'a-t-il pas téléphoné à quelqu'un pour demander de l'aide? Autant de questions qui resteront à jamais sans réponse. On n'a retrouvé aucun indice ou message indiquant qu'il s'agissait d'un suicide.

Le 20 décembre 1999, Costes envoya sur son site internet un texte intitulé "Qui perd gagne" qui peut être considéré comme le dernier message et défi d'un artiste à une société qui l'a acculé à la mort, la revendication qu'une défaite glorieuse est une forme de victoire.

Après, plus rien.
Que tous ceux qui l'ont aimé et apprécié, mais aussi que tous ceux qui l'ont haï, lisent ce dernier texte d'un artiste qui a laissé derrière lui une oeuvre immense, multiforme et difficile à saisir dans son ensemble.
Ils y trouveront la clé du mystère Costes.

Note : "Qui perd gagne" est un texte, surtout vers la fin, qui parait truffé de "fautes de frappe" et sombrer dans l'incohérence. Il faut garder à l'esprit qu'il a été écrit par un homme à l'agonie atteint d'une forte fièvre. Mais il ne faut pas en déduire qu'il est pour celà moins maitrisé. On sait que Costes, qui créait dans l'urgence, savait à merveille tirer parti des défauts superficiels de ses oeuvres pour en faire ressortir une beauté plus profonde et réelle. En ce sens ce texte écrit dans la plus extrème urgence, dont le sens parait à chaque instant englouti par le chaos typographique, mais qui toujours miraculeusement ressurgit jusqu'à la fin lumineuse, pourrait bien être son plus grand chef d'oeuvre.

QUI PERD GAGNE ---http://costes.org --------------------- procès -- index.htm -- costes@costes.org - 1999