COSTES
Pourquoi je fais ca

Justification de mon oeuvre face aux attaques de l'u.e.j.f.


Il faut d'abord preciser que je ne suis ni un artiste engage, ni un artiste conceptuel. Je ne concois pas mes chansons a l'avance; je les improvise et les construis dans le feu du processus creatif, avec le moins de recul possible, selon des regles qui ne sont pas morales ou sociales, mais strictement artistiques, c'est a dire formelles : je chante ce qui me passe par la tete et je le met en forme a mon gout.
Passe l'instant de creation, j'ecoute la chanson terminee et peut la juger "a froid" aussi bien d'un point de vue esthetique (es-ce une bonne chanson?) que moral (que veut-elle dire?).
Alors bien sur, connaissant comme chacun les notions de "bien" et de "mal", je distingue parfaitement dans mes chansons les propos "bons" des "mauvais" : Chanter "je t'aime ma cherie" c'est bien, mais chanter "casse toi sale negresse" c'est mal.
Aussi, me direz vous, pourquoi laisser dans vos chansons des propos que vous condamnez moralement?

MONTRER L'HOMME
Comme je l'ai dit au debut, je ne suis pas un artiste engage. Je suis plutot un "expressioniste". Mon but n'est pas de changer le monde avec ma musique (ce serait de la vanite!) mais de representer ce monde dans toute sa diversite et ses contradictions. Plus exactement, je cherche a exprimer les sentiments, des plus noirs aux plus sublimes en passant par les plus banals, de l'individu immerge dans le monde. Mon ambition est de donner l'image la plus exhaustive possible de l'homme contemporain.
Pour cela, eviter certains sujets "sensibles" ou "tabous", afin de plaire au plus grand nombre, serait pour moi de la malhonnetete, et rendrait mon art sans interet.
Non pas que je veuille dire que le banal et le conforme sont sans interet : je suis bien conscient qu'ils sont la base necessaire de la vie quotidienne en societe. Mais je veux aussi rappeller que tout homme, sous le vernis social, recele en lui un potentiel de sentiments et d'actions contradictoires et extremes. Et cela aussi je l'exprime.

POUQUOI MONTRER LE MAL ?
L'u.e.j.f., et d'autres, voudraient que la face cachee de l'homme le reste. Ils me reprochent de mettre a jour ce qui est enfoui, craignant que ces mauvaises pensees ne contaminent autrui.
Premierement, je ferai remarquer que ces fantasmes (violence, racisme, par exemple...), je ne les ai pas inventes. Ils existaient bien avant ma naissance, on me les a transmis a moi comme aux autres.
L'u.e.j.f., comme beaucoup d'autres, veut interdire toute expression de la violence et du racisme, esperant ainsi arreter la transmission des fantasmes et eradiquer definitivement la violence et le racisme de l'histoire humaine.
Je pense, pour ma part, qu'il est vain d'essayer de modifier la nature humaine : ce qui est inconnu (pour reprendre l'exemple du racisme) suscite instinctivement a la fois la peur et l'attrait. C'est un reflexe de l'espece, a quoi bon le nier.
Nier l'existence de la peur, origine de l'agressivite, demander a l'homme d'etre sans failles, c'est s'exposer aux pires deconvenues, lorsque la bete tapie en nous, un demi-siecle oubliee, ressurgit.

MIEUX COMPRENDRE POUR MIEUX VIVRE
Il vaut mieux nous connaitre, explorer sans tabous les meandres de nos pensees, connaitre nos faiblesses autant que nos forces. Alors nous pourrons organiser le monde a bon escient afin que les conditions de la resurgence des instincts destructeurs ne soient plus reunies. Les instincts vitaux, eux, seront toujours presents, pour notre malheur parfois, lorsqu'ils dressent les hommes les uns contre les autres, mais aussi pour notre salut lorsque le danger surgit.
Il est donc salutaire et urgent que des artistes comme moi, et des scientifiques, explorent les limites de l'ame humaine, afin de mieux la comprendre pour notre bien a tous.
Ce siecle a vu l'aboutissement de l'exploration de notre planete par des aventuriers souvent mal compris de leurs contemporains. J'espere que le prochain siecle sera celui de l'exploration de l'ame humaine dans ses marais, ses jungles, et ses poles opposes.
A l'evidence, c'est la meconnaissance de notre nature profonde qui est a l'origine des malheurs actuels des hommes : nous comprenons le monde qui nous entoure bien mieux que nous memes et cette gigantesque difference entre nos moyens physiques et mentaux est source de bien des catastrophes.
( Je citerai ici un extrait du temoignage de Georges Bataille au proces Pauvert/Sade de 1957 : "Actuellement, nous ne devons retenir que la possibilite de descendre, par Sade, dans une espece d'abime d'horreur, abime d'horreur que nous devons connaitre, qu'il est en outre du devoir de l'artiste de mettre en avant, d'eclairer et de faire connaitre.")
Par mes chansons, je contribue a l'exploration de l'ame humaine, a sa connaissance, tout comme beaucoup dÍartistes sinceres et de scientifiques honnetes.
Quand j'expose les mecanismes psychologiques qui sous-tendent les actes racistes, je participe a la prÚvention de ces actes.
Si, comme l'u.e.j.f. me le demande, je passais sous silence les cauchemars racistes qui nous hantent tous, je laisserais libre champ a ceux qui manipulent habilement cette fantasmagorie dans le but de prendre le pouvoir.
C'est pourquoi il faut bien distinguer celui qui explore la fantasmagorie raciste de celui qui l'exploite.

JE NE SUIS PAS RACISTE, JE NE SUIS PAS VIOLENT
MAIS JE SENS LE RACISME ET LA VIOLENCE EN MOI
ET JE LES AFFRONTE D'ABORD EN MOI MEME

30 avril 1997





Au cours de mes explorations de l'ame humaine, j'ai enregistre en 1989 le CD "Livrez les blanches aux bicots", ou j'explore les rapports entre fantasmes sexuels, scatologiques et racistes;
et j'ai enregistre en 1994 le CD "Jap jew", ou j'explore les rapports entre le racisme anti-japonais contemporain et l'antisemitisme d'avant-guerre.
Si j'ai enregistre ces deux oeuvres sur le racisme, c'est que c'est une des grandes problematiques incontournables de notre epoque de mondialisation.
MAIS, je ne crois pas qu'il s'agisse d'un probleme fondamental : la peur de l'connu / l'attrait pour l'inconnu est la problematique eternelle au meme titre que le sexe ou la mort. Le racisme n'est que la forme historique actuelle de cette problematique, a une epoque ou nations et peuples se raidissent, sentant l'heure venue de leur dilution dans un monde sans frontieres en devenir, exaltant pour certains, mais, on peut le comprendre, angoissant pour d'autres.
C'est pourquoi je ne parle pas uniquement du racisme.
J'ai enregistre par ailleurs dix autres CDs qui traitent des sujets les plus varies allant des petits evenements de la vie quotidienne aux grands themes eternels que sont la solitude, les rapports amoureux et sexuels, la mort...
Et j'enregistrerai probablement encore de nombreux CDs sur des sujets que je n'imagine meme pas aujourd'hui, car l'ame humaine est immense et imprevisible, et il reste encore des continents entiers a decouvrir!

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