Porno-Social

SEUL AU NET


Ca fait quatre jours que je suis enferme chez moi. Je suis meme pas sorti acheter a bouffer. J'ai plus rien a bouffer. Je m'en fous. J'ai Internet! Je vogue sur le net et j'oublie de bouffer. Je me balade. Je me demande bien ou je me balade car a l'evidence je reste chez moi enferme, le teint bleme, malsain. Mais j'ai l'impression d'etre loin, l'impression de communiquer. Vrai ou faux?
Vous m'entendez? Vous m'entendez vous la au loin? Oui vous. Vous avez vu mon web? Il est bien mon Web? Qu'es ce que tu penses de mon web? (on dirait que je montre ma queue!)

Et les e-mails arrivent...minables e-mails. Pauvres mots, caracteres anonymes tapes envoyes par la machine. Ca vient d'une autre machine, il parait que ca vient de quelqu'un (ya quelqu'un?). Mais "parait" ne prouve rien. Il n'y a pas de preuve genre l'odeur 3D. Pourtant, j'ai l'impression qu'il y a des gens au loin, quelquepart. C'est peut-etre tout pres? C'est peut-etre mon voisin qui lit mes (bouteilles a la merde) mon web, mes mots, mes images et ca me fait quelque chose (du bien?) (bof, je sais pas) (Putain, si c'est mon voisin qui lit ca fait bizarre quand je le croise dans l'escalier. Il dit bonjour normal mais il connait mon cul, ma queue, tout. Il faisait pas un sourire bizarre ce matin?). En tous cas ca me colle, fascine, m'agglutine de penser/croire qu'on me voit/regarde (j'existe?).










Je crois m'agglutiner aux autres mais je m'agglutine a moi meme. D'ailleurs je hais les autres. Alors Internet ca m'arrange. Ca me permet de rester dans un "certaine socialite" ("certaine", mais pas certaine) (rien de sur), une socialite de facade (virtuelle, he, he), mais sans avoir a vraiment frequenter = j'evite l'odeur 3D, etc (la peur de l'autre). Internet c'est l'autre present a distance. Intimement present puisqu'il rentre dans l'intimite de ma solitudes quand je suis tres seul face au net, mais maintenu a distance par la reelle incompressible distance qui separe les corps ou sont enchaines nos esprits. (Heureusement d'ailleurs que les esprits sont bien attaches aux corps, quoiqu'on reve s'evade, car sinon la merde! Des (vrais) esprits arriveraient a s'infilter chez moi par le e-mail! Des vrais esprits independants mechants, pas des gentils fantomes virtuels innofensifs...l'Horreur!)










Internet c'est l'autre definitivement evacue de mon cercle intime. J'ai chasse l'autre physique pour le remplacer par l'autre virtuel. Tres pratique, tres sur, parfaitement controlable. Confortable. Tandis que le vrai mec/girl, on sait jamais ce qui peut lui passer par la tete le corps la bite/chatte, et c'est vite encombrant cette merde visqueuse de la frequentation a l'ancienne. Vive la moderne frequentation virtuelle! Tu es sur l'ecran et c'est tout. Si j'eteins je t'eteins et tu t'eteins sans gemir (juste le tut de l'ecran qui s'eteint c'est tout).Ouf c'est cool, controle, je dose, juste comme quand je veux. Pas d'au revoir, pas d'embroulles. Mais l'autre virtuel n'est pas un total robot, un reve. Non, quelquepart il est vraiment vrai. Il existe ailleurs et il me le prouve (plus ou moins, faut une part de credulite pour survivre, hun?). En tout cas, on dirait qu'il existe vraiment. La preuve : il a du repondant, c'est ca qui fait son interet internet : je le chatouille et il se marre! Oh,oh, ah, ah, il y a du repondant, c'est evident sur la cam : quand je rigole il rigole, quand je bande elle mouille. L'autre est un robot tres parfait au loin qui fait parfaitement croire a sa realite (un peu saccade, pmais realite, credible echo). C'est ca internet, des vrais-faux vrais et ca me suffit amplement merci.










Ya meme des fois, meme virtuel c'est encore trop social-reel. Ca me fatigue de lire les e-mails. Meme l'homme virtuel il me fait encore chier avec ses virtuelles sollicitations (car elles promettent, tentations, des plaisirs ou douleurs reelles) et c'est encore un (soit tres faible) mais encore un dilemme. Si je ne lis pas, ne repond pas, si je refuse le contact du bip-bip binaire, je refuse des choses reelles, certes distantes, impalpables mais reelles (en tout cas credibles puisque l'autre virtuel est credible, c'est ce qui fait son attrait. Ce n'est pas un jeu video, c'est une promesse physique sexuelle d'orgasme avec le pretexte de l'impalpable et de la distance pour se defausser sans repousser. Pratique). Mais se defausser meme sans repousser c'est toujours (infime mais) lachete. Refuser l'autre me frustre : peut etre que je rate quelquechose d'important? Son cul, le bonheur, la vie!

Idealement vraiment il faudrait que l'autre disparaisse a jamais. Vivement que je vive dans mon reve avec assez de fric pour les envoyer tous chier, construire un bunker inviolable avec moi dedans (he! mettez moi dedans avant de fermer, bande de cons! Sinon comment je vais renrter apres que t'as scelle le toit connard, puisque ya pas de porte! Vous etes trop cons! Il est temps que je me mure!). Ah vivement moi mure dedans avec Internet! Je garderai Internet au debut, pour m'habituer a la solitude, pour que je m'habitue progressivement. Car on a beau detester les autres, ca pourrait faire bizarre le jour ou plus personne viendra me faire chier. Plus personne a repousser, ca pourrait me foutre une depression. Donc au debut, faut faire gaffe, faut y aller molo. Donc je garde Internet pour le vague contact virtuel, quasiment trace mnemotique sur les parois de mon cortex, mais ya quelques boutons, l'autre reste encore palpable, ca rassure. J'ai coupe les ponts mais il reste l'avion en cas de panique socialisante.
Mais c'est jure, des que je me sentirai pret, je couperai Internet aussi. Je fermerai les yeux et je vivrai en moi les millions de variations de la vraie vie sans etre, sans autre etre, sans etre derange. Ouf, enfin seul!










Internet n'est pas un nouveau meilleur moyen de communication. C'est le contraire. C'est la derniere ultime etape avant la solitude absolue. C'est l'outil qui va nous permettre de passer a la solitude absolue = l'absolue elegance libre. Et que les grincheux sociaux-sucettes aillent se faire foutre (etre seul c'est le pied connard. Je veux dire vraiment seul, sans idee regret souci de l'autre, sinon c'est l'horreur evidemment. Je te comprend et je te plains)

C'est vrai que faut etre capable de tenir le coup seul jusqu'au bout sans dejanter. C'est pourquoi Internet pourrait etre un palliatif provisoire ideal, pour maintenir l'homme dans une vague impression de socialite, en attendant (combiende generations faudra-t-il?) qu'il soit enfin totalement desocialise, enfin libre = libere du lien social. (il lui restera a se defaire du lien corporel mortel mais, a mon avis tu devrais le garder, ca peut toujours servir a se branler).
L'homme seul du futur, apres quelques siecles d'internet, s'aventurera a fermer le bouton stop, je coupe le net. Et hop!...Et gardant son souffle, dans son premier souffle il sortira seul dans sa tete sans net. Il sera le premier homme seul, le prmier affranchi. Il aura rompu l'ombilical papa-maman la bonne et moi (200 millions d'annees de cauchemar social, des limaces qui se grimpent dessus sous la pluie a adam qui grimpe sur eve en passant par les babouins qui grimpent aux arbres (Tiens! Kool Shen et Costes qui s'enculent dans un palmier! Y sont potes maintenant?) Vous rigolez, vous rigolez mais ca pas ete rien 400 millions d'annees de limacements sociaux-suceurs. On a souffert les uns sur les autres.

J'aurais voulu etre cet homme qui viendra, enfin seul, sans famille, sans amis, sans fantomes, sans net. Sans filet.
Sans fil.
Telehomme portable.










( Mais les e-mails c'etait comme le telephone : la plupart du temps, toujours, valait mieux autant pas decrocher. Bon, tu peux croire un instant "heureusement j'ai decroche", c'est un bon plan de cul, mais, au final du final du final, il reste la merde patente evidente de son cul encombrant, et maintenant (mais c'est tard), tu sais qu'il fallait pas decrocher.
Idealement (principe) faut jamais decrocher parler sourire communiquer, faire semblant. A quoi bon? Ca donne rien que de la charogne crevee a la fin. Absolument certain.)

Ecran clavier. Agglutine colle. Fatigue. Je reste devant nuit et jour a attendre. A attendre quoi? Godot? Godillot? C'est veillot. Virtuel alors? Bienvenu virtuel, moi c'est Costes piege par le web!
Ca fait quatre jours que je suis dedans. Dedans moi meme croyant etre dehors. Bizarre sensation errante. Je me crois pas seul, potentiellement pas seul car potentiellement visible, mais qui me regarde? Qui me connait? Ils connaissent mes images et mes mots (eventuellement, s'ils regardent, s'ils sont patients, s'ils cliquent assez loin assez longtemps). Ils connaissent mes crottes (reflets de crottes, indices) sur leur ecran. J'ai laisse des indices sur le net, des traces de mon passage/existence... Mais ce n'est pas moi connard! Je ne suis pas mes crottes!
Ce ne sont que des crottes sur ton ecran, et toi aussi tu es seul agglutine, loin ou voisin, devant ton ecran a te croire avec d'autres alors que tu es avec leurs crottes! Croyant communiquer (le verbe impossible idiot) alors que tu es profondement enfonce a l'interieur de toi dans tes reves qui sont desormais a la fois oniriques et sociaux. Onirique parce que c'est toi qui reve enfonce en toi. Social car tu reves sur mes messages et tu te crois en phase avec moi. Tu es aussi social sur le net que le branleur prend les meufs des magazines de cul.

Incroyable, improbable et pourtant c'est la vrai. L'onirique et le social, les opposes, les freres ennemis, se rejoignent par la magie d'Internet. Une magie noire al'aspect blanc. tout parait clair et distinct. tout est controle analyse puisqu'on peut compter les points, comptazbiliser la quantite de realite vehiculee, tres exactement au pixel pres. Mais pourtant. L'onirique se dilue et le social s'etrique. Ca se passe dans les tetes et ca echappe au net.

Je reve de toi.
Tu me parles dans mon reve et je te repond dans ton reve.
C'est vrai. Ca s'appelle Internet.

Solution Solitude / Solitude Sociale / Sociale Solitude /
Solitude Dissolution










Comment peut-on etre aussi seul a travers le vaste monde? Aussi seul sur le net des milliards? Ca ressemble au naviguateur solitaire (c'est pas pour rien que ca s'appelle navigator surfer) (surfer c'est exagere, faudrait plutot appeller ca patauger. Oui, patauger avec les clics, et les claques. Planter, redemarrer, attendre).
Ca ressemble au navigateur solitaire. Il y a des milliards de metre cubes d'eau, des milliards de poissons, des milliards de bateaux, des milliards de marins, des milliards d'iles, cinq continents, des milliards de cons, mais il est seul. C'est un mystere. Ca tient a quoi? Ca tient a lui? Rien qu'a lui? Mais comment ca se fait que personne vient le deranger, sonner a son bateau, le faire chier?

Donc, comme un navigateur solitaire un jour pratiquement sans vent, je net . Pas de grandes tempetes sur le net. Le net est une mer molle. Tout est tres calme, limite a l'ecran (l'ecran c'est pas l'ocean, ca fait a peine la taille d'un aquarium, alors pour les tempetes, grandes sensations, grands horizons, oublier). D'ailleurs la preuve, rien ne deborde jamais du net dans la piece qui reste calme et vide (vide de vie, une imprimante laser jet color c'est pas la vie). Il suffit de regarder le chat qui ronfle et s'en fout pour etre sur qu'il se passe rein. Absolument (presque) rien ne vient du net.
Mais au fond moi ca m'arrange (sentiment de securite). Je suis enferme a double tours (quatre jours et demain je continue) ca fera cinq jours de securite, planque a mater le pauvre monde sur un pauvre ecran isole, calfeutre, protege du riche monde qui est la rue a cote, le cafe et les bourres. Et les enfants en patins a roulettes qui montent l'escalier en riant. Leurs patins toc-toc et leurs rires, seuls faibles echos venant du monde alentour tres loin dans la piece ou l'ecran domine ma vie...(nos vies? Non, juste ma vie. Lui le chat il s'en fout, il est seul de nature. Il a pas de besoin de s'isoler a l'Internet, de s'entrainer a l'internet pour supporter sa solitude = son etre).
Je domine l'ecran qui me domine, et c'est ca qui me plait. Je peux rester isole sans danger loin du mal etre de la frequentation, de l'autre. Je branche, je debranche, je convoque puis j'efface l'autre comme je veux, quand je veux. Je m'interesse a lui?Je lis son mail? Bof, vaguement. Je jette un coup d'oeil, histoire de verifier qu'il a bien ecrit quelquechose (qu'il a bien fait semblant, qu'il a joue le jeu).










Internet c'est ca : il faut bien jouer le jeu de la communion pour mieux se separer. Car toi pas plus que moi ne sommes serieux. On fait semblant. Il faut absolument faire semblant. Faire toutes les operations dans l'ordre : connection, tap tap, deconnection. Tout bien faire dans l'ordre pour pas se tromper. Faut pas se tromper sinon ca merde. Pas d'approximation dans la tromperie. Les leurres divent etre parfaits. Erreur d'adresse = ca passe pas, ca refuse, c'est categorique. La fausse communication doit etre parfaite pour bien ne pas fonctionner. = pour mieux tromper soi-meme et l'autre, on agite les pixels aguichants, (pseudos?) signes de notre amour tout virtuel pour les autres, et tres profond pour nous meme. On ne surfe pas avec les surfers mais avec la vague = je surfe pour moi, pas pour toi. Tu n'es qu'un reflet sur ma paroi (ecran/caverne). Je m'agite pour que tu t'agites pour que ca s'agite sur la paroi-ecran de ma caverne (la vieille chiante caverne au gout du jour a la sauce internet!). Et vice-versa pour toi. Tu te fous de moi - Je me fous de toi. On se fout bien de toi, nous n'aimons que moi.
Mais on n'ose pas encore l'avouer. C'est encore trop tot. C'est que le debut du debut de la separation definitive, apres toutes les generations d'echec de la solitude par la communication, voici le temps de la solitude par la solution dissolution. Dissolution du groupe dans le reseau (resus negatif). Il ne reste que moi seul a bord de moi meme.

Internet sert a mieux separer.
Et c'est pas un regret, c'est le desir secret : etre enfin seul.










Mais seul d'un coup, ca serait insupportable, la panique. Alors Internet sert a ca; a verifier qu'on est pas obligatoirement seul. Qu'on est pas seul a etre seul. Il y a d'autres seuls ailleurs. La saint communion des solitaires par le net!
Ils agitent leurs drapeaux httt//: . Ils se font signe "hello! how are you?" "he you, how are l'eau?" Les deux solitaires sont rassures. Ils repartent, continuent leur periple-ulysse rassure (L'Ilyade et l'Internet).

Tout va bien se dit Ulysse l'internaute. Ca repond sur le net. Ya de l'autre qui subsiste. Je sais que je peux a tout moment m'echapper dans la rue de la societe au cas ou la solitude me peserait d'un coup trop.
Internet, les pseudos-signes (les pseudos-lettres d'amour qui me rassurent non pas sur son amour mais sur ma capacite a etre aime, version internet 2001, l'odyssee de l'arnaque.
Pauvre Ulysse!

Pseudos-signes, arnaque! Mais non ce n'est pas de l'arnaque. C'est vrai. C'est beaucoup plus vrai que tous les pseudos groupes d'amis charnels qui sont en permanenece des meurtres potentiels se transformant en cancer faute de pouvoir prendre un couteau.
Les signes e-mails group-news et web sont pseudos-love de l'autre mais tres love de moi. Mais ce ne sont pas des pseudos-signes. Les signes sont vrais, c'est l'amour qui est faux). Nous faisons les vrais signes parfaits pour mieux cacher notre profond secret : t'eviter (ah ca detend apres tout se tend perdu a eviter sans y arriver, apres l'Histoire passee a eviter en vain (guerres, pogroms, genocides) l'autrui ennemi.

L'autre c'est l'ennemi. Internet est mon ami.










Alors avec Internet sera-ce la fin des guerres? Sans nous frequenter, comment nous confronter? Mais alors attention. Le jour ou ya une panne de reseau et qui yen a un qui doit monter sur le toit pour reparer, ca va gravement degenerer. Car, qui va monter sur le toit? Toi ou moi? Debut de la guerre mondiale x apres mille ans d'Internet radieux. "Pendant cette periode benie, les internautes heureux ne se connaissaient pas. ils se faisaient joyeusement signes sur le net quand ils se croisaient au loin ("hello ca va?", "heili! heilo!"), et disparaissaient vers d'autres signes scintillants sur l'ocean virtuellement glace.

Pas un phoque sur cette banquise. De temps en temps nous croisions un eskimo au loin. Il nous faisait "heilli!", on lui faisait "heillo!". Et nous continuions notre route (route=coupe).

On se branche loin pour mieux se couper ici. Je vais vers eux = je te fuis. Mais personne ne le dit. Toute la presse parle communication. Pourtant c'est evident les medias nous separent. Regardez la tele...Alors Internet, la c'est le top. Au lieu de regarder en masse un media de masse, on devise seul a seul (avec soi meme) sour pretexte de connaitre l'autre loin qui n'est pas toi. Donc : toi casse toi.










Mais, que l'internaute internette pour mieux rester seul, es-ce encore un secret? Disons que c'est une (mes)entente tacite. Les internautes, chevaliers solitaires respectent a la lettre la netiquette. La netiquette : une mise en forme respecteuse de la tromperie mutuelle. (il a l'air serieux mais dans le fond il doit m'envoyer des mails juste pour mieux s'illusioner, se maintenir dans son propre reve, sa contemplation des signaux de moi lui permet de se voir, de ne regarder que lui. comme moi. Internet c'est le miroir cat nopus sommes deux face a face exactement sumetriques (meme codes, meme systeme, compatibilite parfaite sinon on ne se connecte). Miroir parfait ou en toi je ne vois que moi, la preuve mon existence dans le double que tu me tend. Onirisme social! Je me penche sur le miroir ou je me vois en toi. Je me penche sur toi et je me vois...

L'autre me fait signe = il m'utilise comme image reminiscente du lien social qu'il pretend regretter mais s'empresse d'annihiler. Prendre un abonnement internet = un pretexte pour se desocialiser tout en paraissant (aux yeux des idiots/ignorants) se sur-socialiser. Ca permet de s'echapper sans passer pour un fou, un malade, un a-so-cial. "Asocial?! Quel crime!" "T'es sur Internet?! C'est cool!".
Tout le monde accuse tout le monde d'etre asocial mais tout le monde ne veut que ca (tout en craignant par dessus tout etre seul) (c'est tres complique!).
Internauter, ca permet de paraitre social tout en restant seul.

Etre sur Internet, c'est etre branche. Etre branche, c'est se distinguer des autres (minorite branchee, minorite blanche, ou blanchie). On cherche toujours a se distinguer des autres. Se distinguer, se valoriser = s'isoler. On veut etre seul mais etre en vue.
Sur Internet, t'es servi! Theoriquement, ils te voient tous (et theoriquement, tout le monde peut te telephoner, mais personne te telephone jamais). Mais des fois ca arrive qu'on te voit, qu'on te visite (j'ai visite ton web). La preuve, on t'appelle (e-mail) pour te le dire ("hello heilli heillo").
Mais tous les appels sont des faux-appels, tous des tests : il teste sa machine ou il me teste. Il me fait signe pour que je lui fasse signe pour etre sur que ca fait signe. Il m'appelle pas pour se sentir moins seul. Il m'appelle pour etre sur que je suis aussi seul que lui = pour confirmer son droit a la solitude. Puisque tu es seul, c'est normal que je sois seul aussi.
Pour ca Internet c'est pratique, on peut confirmer/verifier instantanement sa solitude. La mienne, pas la tienne. La tienne je m'en fous. Je te fais signe pour que tu me fasse signe, et c'est tout. Parce que ton signe m'est utile dans mon jeu solitaire.

Onanisme Internet. On se fout de tout sauf de sa web.










Faire signe en s'en foutant. Ca internet le permet. C'est pour ca que tout le monde va sur Internet. Pous se debarrasser des autres.
Bon, on a pas besoin d'Internet pour ca ok. Pour etre tranquille, tu peux aussi faire sdf (sdf on t'evite). Mais sdf c'est mal vu. T'es persecute pour panne de lien(liant) (social). En principe, clodo tu devrais etre rejete=isole. Mais finalement t'es sur-socialise par persecution et aide sociale. T'es jamais tranquille.
(le mec le plus proche de l'internaute, depuis deux siecles, c'est l'employe celibataire le dimanche seul chez lui : toute la semaine il est(sont) deux mille, le dimanche il est tout seul. L'employe le dimanche, precurseur de l'internaute! Pionnier de l'extreme-(seul)-virtuel. Yeah!)

Mais sur l'Internet c'est pas mal aussi (la sensation de solitude sociale/conviviale). Tu devrais essayer le dimanche quand tu t'ennuies. Ca renforcerait en le valorisant et le legitimant ton sentiment de solitude. Tu pourrait parler de ta solitude du dimanche avec tes collegues le lundi au lieu de parler du film du dimanche
(parler du film du dimanche, c'est deja s'avouer mutuellement notre solitude puisque nous etions au meme lieu a la meme heure devant le meme film dans la meme position, dans la meme solitude donc puisque nous sommes les meme seuls. Si je suis seul, c'est qu'il est seul. Donc je ne suis pas tout seul a etre seul. Ca rassure!)

Nous contemplant semblables en nous meme, nous nous echappons de nous meme.

De l'autre, nous ne retenons que notre ressemblance, nous meme en lui.










Sur Internet t'es peinard. T'esquives a longueur de journees de mails en forums, et tu passe pour le top du branche = ultra-socialise, la classe quoi! Alors que branche ailleurs = completement debranche ici (d'ailleurs l'ailleurs Internet, c'est ou, c'est nul part!). Donc, branche nul part= completement debranche partout. Mais je joue le jeu, j'envoie des signaux, je recois des signaux. Comme ca, si ya quelqu'un qui m'espionne, il peut pas me griller : je joue le jeu moi, je respecte la loi. Je dis "heilli" et "heillo". Je suis habille, pas a poil. Je suis un animal social. Mais animal social veut juste dire banane sociale. Superficiel social. Superficie sociale.
= je me fous completement de lui, je ne m'interesse qu'a ses signes. Son signe est la preuve qu'il m'a vu, que ma balise brille bien (faiblement dans le nuit mais perceptible). On me voit et on me repond, donc j'existe. Ca me suffit merci.

De temps en temps, les naiguateurs solitaires recoivent les signaux d'autres navigateurs solitaires (dans la nuit. C'est toujours la nuit puisque les ecrans sont allumes en permanence). Ils suivent leur boussole altavista. Ils savent toujours exactement ou ils sont grace aux instruments de naviguation (tout a une adresse, tout doit avoir une adresse, sans adresse, ca n'existe pas). Impossible de se paumer.
Chacun suit sa route paisible-solitaitre, et on se fait des petits signes, et ca rechauffe (le coeur, le cul) de savoir qu'on se croise, qu'on est pas seul paume sur le reseau. Que les autres aussi fantomatiques errent sans fin sans but dans leur solitude.
J'ai surfe toute la nuit, , je laisse souffler. Cerveau inerte fatigue (satisfait?). Les yeux brules par l'ecran-bouee. Accroche a la bouee l'ecran qui clignote, j'evite de me noyer, sombrer definitivement dans le seul qui m'aspire m'attire. J'envoie quelques hellos (faibles hellos) et d'autres hellos (faibles hellos) me repondet et ca m'aide a me noyer (courage) de savoir que d'autres aussi se noient en eux-meme entre les signaux sociaux qui flottent.

Les phares sur la mer evitent les naufrages et attirent les suicides.
Internet. Combien de suicides deja?










Pas de paysage. Brouillard. Nuit noire.comme dans les avions la nuit. Le pilote ne voit ni le sol ni le ciel. Il regarde juste des signes sur l'ecran de controle et les signes lui disent tout : ou il est, ou il en est, qui il est. L'ecran le soutien et l'encourage dans sa perte de controle, perte de soi, perte de reperes, perte d'identite. Mais l'ecran lui dit sans cesse (clignotant) tu es la, tu es ca. Et surtout l'ecran lui dis : tu es le pilote donc tu es.

Internet. Simulation de vol.


Mais, si le pilote se sent seul, il n'est pas vraiment seul. Il transporte les passagers qui dorment et lui font confiance. Les passagzers sont une (illusoire?) presence dans sa nuit solitaire. Ils donnent un deuxieme sens/direction au pilote solitaire. Au cas ou il douterait trop (de lui, de la vie, de son existence), oublierait trop, se laisserait aller dans la seule contemplation des ecrans qui l'absorbent et l'enfoncent en lui.
Tous les passagers dorment mais le commandant de vol veille. C'est une sacree responsabilite. Mais une sacree charge aussi. Il veille sur les autres et il les emporte.
En echange, les passagers le porte (ils portent sa charge de son soi, son bagage. C'est sympa, ca le soulage).

Alors que moi internaute, je ne veille que sur moi. Le net clignote et je repond mollement. Qu'importe. tout le monde s'en fout. Je peux crever. Les e-mails s'entasseront. Ils finiront par couper la ligne. On retrouvera mon squelette blanchi accroche a la souris.

Si le pilote merde, l'avion se plante. Si tu creve sur le net, juste un bug.
Je ne suis qu'un bug.










Ah j'en peux plus, franchement, je suis creve. C'est comme si j'allais crever. Crever, vous entendez?! Je peux envoyer des mail, mettre ca sur les newsgroup, sur tous les forums "sos, je creve". Ok, yaura des reponses, des reponses instantanees, des messages sympa, "tiens bon, ne creve pas"...mais ca changera quoi? Je suis devant mon ecran et tu es devant le tien. Chacun son sien. Normal. Trop tard pour se plaindre (trop tard pour faire marche en arriere?). On arrete pas le progres vers le tombe.

Internet est un jeu dangereux. Si tu meures soudain devant le jeu, auras tu le temps d'appuyer sur la touche stop-sos, la bonne touche stop-sos? Ou bien la mort te fait bredouiller/trembler et ton doigt ne clique pas. Et ton corps ecroule sur le clavier fait des messages d'erreur par milliers (pas sos je creve aidez moi, juste "erreur 121").
On n'aide pas les messages errones. Les messages errones ne passent pas. Les vrais malades et les vrais morts n'ont pas leur place sur le net. Ils ne font pas les bons signes. (sur Internet, ya qu'un truc a savoir : savoir faire signe).

Internet, drole de lieu sans vie et sans mort.
(sans lieu aussi. Tu n'as pas lieu d'etre)










A quoi bon crier. Tes cris ne peuvent traverser les murs l'ocean jusqu'a eux. Tu ne sais meme pas ou ils sont. Ils ne savent meme pas ou tu es. Tu n'etais qu'un signe pixel. Si tu meures, ca ne changeras rien. Personne ne s'en apercevra. D'ailleurs ton message est deja efface. Tu es mort et alors? Ca ne ralentit pas le traffic. Tant que tu meures pas au milieu de l'autoroute de l'information, tant que l'information circule (eventuellement l'information sur ta mort), tant que tu barres pas la route, tout le monde s'en fout. Circulez, ya rien a vivre. Juste a circuler.

J'assume. Je suis pret a crever seul. Je prend un abonnement a Worldnet.

Je choisis la solitude en echange de la tranquillite :
Comme j'ai toujours prefere le rassurant bander rever me branler au difficile tres derapant dangereux problematique vagin mouille, j'internette. La, pas de danger que ca derape bizarre : tout est binaire pepere. En principe, je suis tranquille.
Plutot que de devoir affronter des corps reels pour gober leurs signaux virtuels (coups d'oeil, sourires, paroles, gueule, silence, sous-entendus, variantes...), je gobe directement du virtuel sans passer par les dangereux corps reels.

J'assume. Je suis pret a crever seul. Je prend un web sur Altern.











Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace a Internet! Grace!

J'ai vu mon ami accroche a l'Internet. Les yeux rouges, hagard. Il etait tellement pathetique qu'il etait beau. Il etait tellement seul et paume que j'ai failli tomber amoureu(se) de lui.( Mais tout etait tellement virtuel!)
Il regardait sa web et il regardait sa web et il regardait sa web, repetant sans arret "ma web, ma web, ma web". Il etait tellement pathetique et beau. Si seul qu'on avait envie de l'aimer.

(Mais pour moi tout est definitivement virtuel)





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Costes 1997