COSTES
Interviews en francais


INTERVIEW PAR PHILIPPE ROBERT POUR "REVUE ET CORRIGÉE"
aout 2000

1) LES ORIGINES : Mon père est militaire et ma mère bourgeoise catholique. J'ai eu une éducation très stricte dans des pensionnats chrétiens.... Ma famille rejette toalement mon oeuvre, ils considèrent çà comme une "maladie"!
Mon premier choc musical est l'album blanc des Beatles. C'est le seul disque que j'ai véritablement usé sur la platine. C'est un disque incroyablement éclectique qui reste peut-être au fond inconsciemment mon modèle?
Je n'ai aucun lien avec la mouvance alternative ou rock. J'ai forgé mon style tout seul chez moi, simplement parce que je suis asocial et que la musique et mon refuge.
J'ai arrêté très vite de jouer dans un groupe car je hais les gens.
L'aspect théatral de mes shows vient du fait que je me trouve chiant donc j'en rajoute en espérant que çà va rendre mon show plus intéressant? Le coté violent et hystérique est juste l'expression de ma nature profonde que je n'exprime jamais ailleurs car je suis très introverti. Mes oeuvres ne sont en aucun cas un style mais l'expression brute de mes émotions et de ma relation au monde extérieur.

2) LES INFLUENCES : Je n'écoute jamais de musique pour me divertir. J'écoute tout une fois par curiosité. Je fais de la musique tous les jours toute la journée et j'ai pas besoin de bruit supplémentaire! Je n'ai pas de style favori. J'aime toutes les musiques, du bruit à la variété, qui me transmettent l'émotion de leur auteur. Je ne me sens pas plus proche de la musique expérimentale que de Cabrel. En règle général, ce n'est pas parce que quelqu'un est musicien que je me sens forcèment "comme lui".

3) LE PUNK : Le punk ne représente rien de spécial pour moi. Juste un style musical parmi d'autres, et je ne crois pas à son mythe destructeur. Je ne confond pas style artistique et mouvement social.
J'ai fait un disque contre GG Allin, pas parce que je m'interessais à sa musique mais simplement pour le casser parce que ma copine était amoureuse de lui. J'ai fait une poupée vaudou à son effigie et j'ai planté des épingles dedans ... et çà n'a pas loupé : il est mort peu après!

4) LE RAP : J'ai absolument adoré le rap hard-core américain ("Fuck them all" de Ghetto boys!) de 88 à 92. Maintenant je suis çà de plus loin. Je me sens très proche de leur processus de création (home-studio simple et improvisation des textes), mais là non plus, je ne crois pas un instant au mythe du rap mouvement social. Pour moi le rap est de l'art, point.

5) NTMFN : Je suis sorti avec une fille qui sortait avec Kool Shen. Il l'a su et est venu faire un scandale et me menacer de mort devant chez moi. J'ai vraiment eu peur mais j'ai aussi vraiment eu la haine (+ la jalousie!). Cà a donné NTMFN!

6) LE JAZZ : Le free-jazz le plus violent est une de mes références de base. Cécil Taylor au piano en solo me hante. Tout ce qui est extrème et transgressif m' attire.
Mais le jazz jazzouille ou bidouille m'emmerde.

7) L'AUTOPRODUCTION : A l'origine j'ai produit ma musique moi-même chez moi car je n'ai pas les moyens de faire (qui aurait voulu produire un cd de Costes il y a dix ans?!?!). Mais maintenant, c'est devenu mon style, ma technique, mon confort. et les conditions indispensables de ma créativité. Le son dégueulasse est du au départ à la basse qualité du matériel, mais maintenant çà fait partie intégrante de mon oeuvre. J'ai appris dans la misère matérielle à transformer les défauts en qualités!

8) LISA SUCKDOG : C'est une fan de mes chansons que j'ai baisée. C'est avec elle que j'ai développé mes premiers opéras.

9) ANNE VAN DER LINDEN : Je la connais depuis le lycée! C'est la seule personne qui a connu mon oeuvre dès l'origine et ne m'a pas rejetté au moment où tout le monde se foutait de ma gueule. Elle a fait certaines pochettes de Cds, des décors de shows et joué avec moi sur scène.

10) NOEL AKCHOTE : Je le connais à peine, mais instinctivement je sais que nous vivons dans des mondes mentaux proches. Lui et Quentin Rollet de Rectangle sont les seuls français à avoir produit des disques de moi. La collaboration avec eux est idéale.

12) LE PUBLIC : Il est très éclectique. C'est la "Sainte communion des solitaires", tous ceux qui sont, pour une raison ou une autre touchés par ce que je fais, sans qu'on puisse tous les mettre dans un même panier, branché ou autre.
Les gens montent souvent sur scène comme possédés par les esprits au cours d'une cérémonie vaudou. après ils se demandent comment ils ont pu faire toutes ces conneries à poil devant leur mère, leur mari et leur gosses?! Et moi aussi!

En règle générale, la violence sur scène est toujours symbolique. Sauf une fois en Suisse où, après une campagne de la Licra qui me présentait comme "un groupe de skins néo-nazis" (?!?!?!), nous avons été gravement agressés sur scène par de blondinets anges justiciers qui nous ont blessés et cassé tout le matériel.

13) LES FILMS : J'ai d'abord filmé mes shows, puis, comme j'avais le camescope, je me suis mis à faire des films de fiction. Il y a des affinités évidentes avec Kern et John Waters, mais je ne connaissais pas leurs oeuvres quand j'ai fait mon premier film.

14) AUTRES PERFOMRERS : Beaucoup de gens font un rapprochement entre moi et les actionnistes viennois, GG Allin, Artaud, Dada, Ubu, le Grand Guignol et n'importe quoi qui leur parait symbolique de la transgression en art. En fait moi je ne connais rien de tout çà car je suis à moitié illettré, à moitié sourd, et que je ne regarde que le mur ou ma queue.

15) LES MEDIAS : ‡Avant mes procès, les journaliste donnaient plutot une bonne image de moi, bien qu'ils soient dans l'ensemble incapables de comprendre profondèment ce que je fais, se contentant d'une exploitation sensationaliste des aspects les plus crus.
Mais depuis que je suis attaqué par l'union des étudiants juifs de france pour "racisme" dans mes oeuvres, les mêmes journaux qui me présentaient comme un "artiste excentrique", n'hésitent pas à me présenter désormais comme un dangereux nazi. J'ai été ainsi insulté dans Libé, les Inrockuptibles, Le Monde, Marianne, L'Express, Netsurf, toute la presse "officielle" finalement.
Seuls les journalistes des magazines culturels indépendants, qui connaissent bien mon oeuvre et sont de réels passionnés, continuent à me présenter de manière objective. Les mensonges publiés sur moi dans les journaux les plus "sérieux et crédibles", me font m'interroger sur la qualité de l'information en général en France. Nous nous croyons libres et bien informés, mais ne sommes nous pas de fait manuipulés sur tous les sujets par la propagande?

16) LA VIOLENCE : La violence de mon art que me reproche mes détracteurs qui voudraient obtenir la censure de mes oeuvres n'est que le pale reflet de la réalité qui nous entoure et des fantasmes qui nous hantent.

17) LA CENSURE : Depuis 1996 j'ai subi 4 procès du fait de l'uejf, de la licre, de la ligue des droits de l'omme, du mrap, et du procureur de la république (bras juidicaire du gouvernement) qui me reprochent la publication sur mon site internet de textes du CD "Livrez les blanches aux bicots", une satyre des fantasmes sexo-racistes genre graffitis de chiottes que j'ai enregistrée en 1989.
Afin de m'enfoncer d'avantage, mes censeurs qui estiment que "l'art à des limites", cherchent à me faire passer pour un nazi raciste et anti-sémite! C'est totalement faux mais çà peut marcher quand le juge ne connait rien à l'art indépendant, et que la presse participe à la campagne de calomnie contre moi. Les conséquences de ces procès sont catastrophiques : plus de distribution des disques, annulations de spectacles, plus d'accès positif aux médias, très mauvaise image, menaces de morts incessantes, etc... sans parler des frais considérables : rien que les honraires d'avocats pour ma défense dépasse 120.000 Frs sur 4 ans alors que je vis avec 2000 Frs par mois! Ils vont me foutre clochard!

18) LA SOLITUDE : Je suis seul, je me sens seul, je suis bien tout seul.
La solitude est ma condition et la condition de ma création.

19) LA POSTERITE : J'archive systématiquement mes oeuvres pour la postérité. Je veux les préserver des autodafés de l'inquisition et des mites. Je travaille pour la gloire.

20) BAISE MOI : C'est agréable de travailler avec Virgine Despentes. Mais tout ce bordel sur la "liberté dans l'art" dans les médias me donne envie de vomir. "Baise moi" n'est pas un petit film indépendant mais une production de Pan-Européenne, société de la multinationale Universal. Ce film bénéficie des gros moyens de propagande de ce réseau. Le plan du "pauvre petit film indépendant persécuté" n'est qu'un truc marketing relayé complaisamment par les médias pourris.
Aucun de mes films ne passe en salle, je suis systématiquement censuré et persécuté et ces mêmes médias ne s'en émeuvent pas le moins du monde, et même approuvent et participent par leur propagande à ma destruction.

Il y a les faux artistes "libres et provocateurs" à la solde du show-bizz qui jouent les punks bourrés à la télé, et il y a les vrais artistes qui crèvent dans leur merde comme moi, ou Doc JPP, dessinateur de BD condamné en 1999 à ne plus dessiner pendant 5 ans de dessins" pornographiques ou violents", des artistes dont vous n'entendrez jamais parler sur France Info.



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